Je prends ici la parole au nom de son excellence, monsieur le président de la République, qui m’a chargé de célébrer la République avec tous ceux qui, comme lui, sont au service de la République, notamment les hauts dirigeants à tous les niveaux de responsabilité.
Le président de la République n’oublie pas les élus nationaux et locaux, les préfets, sous- préfets, les administrateurs maires d’arrondissements, de communautés urbaines, les chefs de quartiers, de villages, de zones et de blocs qui, au plus près des populations, veillent quotidiennement au respect des valeurs de la République ;
Nous ne saurons oublier en ce jour particulier, ceux qui font la République, à savoir l’ensemble des fonctionnaires et autres agents de l’État, les cadres du secteur privé et du secteur informel, les chefs d’entreprise, les commerçants, ouvriers, paysans, artistes, artisans, sportifs, culturels, écrivains, musiciens.
Bref ! Nous célébrons la République non seulement avec l’ensemble des citoyennes et des citoyens de la République, mais aussi avec tous ceux de nos amis, ressortissants des pays frères et amis, ayant choisi le Congo comme leur seconde patrie, et qui affrontent avec nous les dures épreuves de la vie ; ainsi qu’avec leurs excellences, mesdames et messieurs les ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques ; mesdames et messieurs les représentants des agences du système des Nations unies.
Enfin, avec tous nos compatriotes vivant à l’étranger sans oublier ceux qui souffrent dans les hôpitaux et ceux qui peinent dans les prisons, ceux qui sont retenus dans les commissariats, ceux qui sont dans le deuil et dans le malheur, je m’adresse donc à vous tous, mesdames et messieurs, pour qu’ensemble, dans ce contexte de crise sanitaire, nous puissions célébrer la République sur le thème « Lutter contre la covid-19, c’est sauver la République ».
La République c’était le 28 novembre 1958.
Tant de souvenirs historiques remontent dans nos esprits et dans nos cœurs.
La vie des peuples, comme celle des hommes, a ses joies et ses peines.
Regarder, aujourd’hui, vers ce jour glorieux, c’est une source de joie et d’espérance.
La joie du souvenir de notre accession à ce degré de responsabilité politique, où il nous était donné de nous gouverner nous-mêmes dans le cadre juridique que nous avions conquis.
Car la République fut tout d’abord une conquête et notre destin s’est accordé à cette voie que nous avions choisie.
Une conquête oui ! Parce que, aussi loin que nous pouvons remonter dans l’histoire, la naissance de la République fut précédée par cinq périodes. Il nous semble important d’y revenir car aimait à le dire Winston Churchill, « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ».
Revisitons donc ces cinq grands moments qui ont marqué les différentes étapes de la gestation de notre République.
Premièrement, la fondation du Royaume Kongo par Nimi Lukeni entre le XIVe et le XVe siècle.
Deuxièmement, la pénétration portugaise avec la découverte de l’embouchure du fleuve Congo en 1484 par Diégo Cao.
Troisièmement, la colonisation française, en 1880, avec la signature à Mbé, d’un Traité de protectorat français, entre le roi Makoko et l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza.
Quatrièmement, la création d’un espace territorial dénommé Congo, acté par le décret du 26 juillet 1886, puis la création de l’Afrique équatoriale française par décret du 15 janvier 1910 instituant, par la même occasion, le territoire du Moyen-Congo.
Cinquièmement enfin, la proclamation de la République, par l’article 2 de la délibération n°112/58 du 28 novembre 1958 de l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo, faisant du territoire du Moyen-Congo, un État autonome à la suite du référendum du 28 septembre 1958.
Il y a tant de noms, tant de figures qu’il faudrait invoquer pour rendre hommage à ceux qui ont permis cette histoire et qui, par le sacrifice et même le sang versé, ont ouvert la route à la République.
Au-delà de leurs positionnements politiques et des divergences idéologiques qu’ils avaient, magnifions aujourd’hui leur épopée historique qui a forgé une espérance et transmis un legs. Qui sont-ils ?
Emportés par les échos de l’Histoire, leurs noms résonnent encore dans nos tympans : André Garnier, Jacques Opangault, Fulbert Youlou, Jean Félix Tchikaya, Georges Yambot, Ambily, Bouendé, Emmanuel Dadet, Victor Sathoud, Valentin Tombet, Germain Samba, Innocent Odicky, Prosper Gandzion, Zéphirin Moe Poaty, Christian Jayle, Dominique Sambo-Dibele, Valentin Moubouh, Hilaire Mavioka, Jean Biyoudi, Henry Itoua, Kikhounga N’Got, Stéphane Tchitchelle, Mambéké Boucher, André Kerhervé, Jean Nardon, Vancelli, Zakete, Joseph Vial, Deriaud, Chimier et j’en oublie certainement d’autres.
Car il y a aussi tant et tant de destins de Congolais qui sont mêlés à l’édification de notre République et que l’on ne saurait citer dans cet exercice.
De grands hommes d’État, chacun selon son tempérament, selon son époque et en fonction des réalités et des vicissitudes du moment, ont tour à tour préservé les fondements de la République au point où il n’est nullement arrivé dans l’esprit d’aucun de nos dirigeants l’idée de remettre en cause les fondements de la République qui est restée depuis sa naissance, une, indivisible, résiliente et fraternelle.
Quel message pouvons-nous adresser à tous ceux de nos compatriotes qui ne sont plus de ce monde ? Ceux qui se sont battus pour la souveraineté de notre pays ?
Nous voulons leur dire que la Nation leur est reconnaissante. C’est ainsi qu’après les présidents Fulbert Youlou, Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi, Jacques Joachim Yhombi Opango, Pascal Lissouba, le président Denis Sassou N'Guesso, luttant contre l’oubli collectif et voulant fixer ce legs dans la mémoire de ses compatriotes, a institué la Journée de la République, celle de la liberté, désormais ancrée dans nos mœurs et moment important pour notre destin et notre prospérité partagés.
C’est, d’ailleurs, ce qu’il nous enseigne dans son ouvrage « Le manguier, le fleuve et la souris », je le cite: « Il est essentiel que nos enfants apprennent ce qu’est la République, ses règles de fonctionnement, les principes démocratiques sur lesquelles elle repose, faute de quoi ils n’auront aucune raison de la respecter », fin de citation.
La République doit donc continuer d’être conquise.
Nos générations doivent la défendre et transmettre ses valeurs aux générations futures. Nous devons à notre place nous battre pour défendre durablement notre communauté et ce qui l’unit.
C’est l’occasion pour moi de revenir sur un des symboles dont nous ne parlons pas assez et de faire percevoir à l’ensemble de nos concitoyens et mêmes à nos amis, la portée profonde de nos armoiries.
En effet, les armoiries de la République qui figurent sur tous nos documents officiels sont fixées par le décret n°63-262 du 12 août 1963 et exprimées en termes héraldiques.
Ces armoiries nous rappellent que notre République est représentée par « Un écu en or traversé par une large bande horizontale ondulée verte, avec un lion, de couleur rouge, la gueule ouverte, et à la langue d’un émail particulier, de couleur verte, autant que sont les griffes, c’est-à-dire de couleur verte. Un lion qui traverse tout l’écu, tenant un flambeau noir, allumé d’un feu rouge. L’écu est supporté par deux éléphants noirs avec des défenses en or, mouvant de chaque côté de l’écu et soutenu par un tronc d’arbre de couleur rouge. Dans le cercle d’or de la couronne forestière, il est écrit en lettre rouge : République du Congo et sur listel en or la devise : Unité Travail Progrès », en rouge.
En réalité, au travers de tous ces signes, de toutes ces images, de toutes ces couleurs qu’arborent nos armoiries, en lien avec notre hymne national et notre drapeau, on retrouve la beauté, la richesse et la force de notre pays avec ses ressources, forestières, minières et fauniques qu’il nous faut à tout prix défendre avec courage et exploiter avec intelligence dans l’unité, au prix du travail, pour espérer le progrès de chacun et de tous.
Défendre avec force et gérer avec parcimonie, car la République veut dire res publica, c’est-à-dire la chose publique.
Dès lors, le Congo cesse d’être une res nullus, c’est-à-dire une chose sans maître. Ce qui implique trois choses :
-D’abord, de la part des gouvernants, un devoir : celui de gérer avec parcimonie et rigueur la chose d’autrui, celle du peuple qui leur a été confiée et de rendre compte au peuple, seul détenteur et propriétaire de la chose.
-Ensuite, de la part du peuple, un devoir de respect des valeurs de la République, de l’environnement et du bien public ;
-Enfin, de la part des autres Républiques, fussent-elles amies ou sœurs, un devoir de respect et de non-ingérence sous toutes ses formes.
La connaissance de ces symboles constitue un motif légitime de fierté et de respect, en ce qu’ils incarnent l’âme de la nation congolaise.
Voilà pourquoi, à la faveur de la célébration de cette journée, le pays tout entier se doit d’être habillé aux couleurs de la République. Que chacun de nous, à la maison, dans la voiture et dans les bus, arbore les couleurs de la République.
Car cette commémoration nous interpelle sur le chemin parcouru par la Nation et nous projette dans un cheminement collectif vers de nouveaux horizons, vers de nouveaux sommets à conquérir.
Aujourd’hui, encore, le Congo a besoin de se rassembler sur l’essentiel.
Et l’essentiel en ces moments, ce sont nos valeurs, ce sont nos principes, ce sont nos institutions.
Et l’essentiel en ces moments, c’est aussi la lutte contre la pandémie qui nous invite à l’unité face à ce virus qui défie l’humanité entière, détruit notre économie, endeuille nos familles et décime notre population.
Je vous invite donc à continuer d’observer les règles de prévention et surtout à vous faire vacciner car si ensemble nous nous faisons vacciner, la pandémie disparaîtra et la République sera sauvée. Alors, nous chanterons toujours à l’unisson :
« Vive la République ! Vive le Congo ! »